Depopulator de Peter Brook: un espace vide qui ne devient pas une "scène" [Review]

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Teatro Sannazaro, dernière date du spectacle Le Spopolatore le Festival de théâtre de Naples, dirigé par Peter Brook, le maître incontesté de la scène internationale du théâtre, d'après le texte original du dramaturge irlandais Samuel Beckett.

Tel était leen attendant d'assister à la dernière pièce du réalisateur anglais, également alimenté par l'atmosphère d'enthousiasme qui enveloppe depuis des mois la sixième édition de la kermesse napolitaine qui présente ses protagonistes comme de véritables stars qui ont choisi Naples pour présenter leurs dernières œuvres en première mondiale ou nationale.

Et c'est le cas de Brook, choisi par Luca De Fusco, directeur artistique du festival, pour réaliser une « résidence de création » à l'ombre du Vésuve. Un mois de répétitions avec les acteurs pour construire l'esprit de la scène et trouver la bonne clé pour interpréter le texte.

The Peter Brook Naples Dep

Un texte certes "difficile", angoissant, sombre, difficile à comprendre à la première lecture, symbolique et matériel à la fois, riche de détails visuels, décrit avec précision et perfection par Beckett dans son Spopolatore. On peut dire que le protagoniste du texte original est l'espace et sa relation avec les corps qui l'habitent.

Un cylindre de 50 mètres de conférence et 16 mètres de haut, dont les murs sont recouverts de caoutchouc dur, est peuplé de deux cents "êtres" de toutes sortes et de tous âges qui ne font qu'utiliser trois escaliers pour monter et descendre continuellement et entrer et sortir de certaines niches. Angoisse, existentialisme pur, métaphores de la condition humaine dans la recherche constante d'un sens à sa vie et d'une issue. Le cylindre est une prison, les "êtres" c'est nous, tout est décrit par une voix off qui observe et "traite" la situation comme un phénomène scientifique.

Le texte théâtral est riche en potentiel expressif, il peut se décliner à l'infini, utiliser les moyens scéniques et visuels pour rendre le sens profond de ces mots parfois incompréhensibles, froids et détachés de la partition verbale.

Au lieu de cela, lorsque le spectacle de Brook commence sur scène, il n'y a qu'un tabouret vide et trois escaliers, l'actrice monte sur scène Miriam Goldschmidt et il a un script dans sa main. Pendant tout ce temps, environ une heure, il ne fait que lire le texte de Beckett, traversant de temps en temps la scène, montant et descendant quelques marches de l'escalier en bois, assis sur le tabouret ou sur l'avant-scène. Assurément une interprétation expressive des mots mais dont le sens, malheureusement, n'atteint pas le spectateur.

"Si vous montrez trop, vous ne pouvez rien voir" cela a toujours été le « credo » de Peter Brook, le principal défenseur de la « scène vide », affranchie des apparats scénographiques qui obstruent la vue et cachent la vérité du drame. Ses textes scéniques contiennent généralement quelques objets très simples qui "évoquent" le sens et l'atmosphère d'une situation ou d'un état d'esprit et qui guident l'imaginaire du public vers la dimension théâtrale. Mais dans ce cas la scène est devenue vraiment trop "minimale" et réduite à l'essentiel qui n'atteint pas l'œil du spectateur qui, au contraire, se perd et finit par chercher ailleurs.

S'il est vrai qu'au théâtre rien ne doit être trop semblable à la réalité qui est à l'extérieur, il est aussi vrai que la lecture d'un texte en l'absence d'éléments visuels "supports" s'avère incohérente, et se replie sur lui-même.

Le "texte" compris comme "sens" reste empêtré dans les mots de l'actrice qui ne deviennent pas "scène" . Le public écoute distraite une langue qui ne leur appartient pas (français) lire les surtitres, et espère que, tôt ou tard quelque chose sur scène est révélé, qui décrit l'espace avec soin par Beckett finit par sortir sous la forme de lumière, Projection visuelle, de bruit, de corps, de formes, de couleurs, de mouvements et de gestes significatifs et suggestifs ainsi qu'allusifs. Et des émotions, bien sûr.

On se retrouve dans le chapeau haut de forme de Beckett, oppressé par l'envie de monter ces marches et de découvrir que sur une scène parallèle il y a bien un espace scénique où se joue le "drame" et où se joue la magie théâtrale...

 

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écrit par Valentina D'Andrea
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