L'Entrepôt 18 de Simone Cristicchi au Théâtre Bellini, pour ne pas oublier le drame du foibe et l'exode istrien [Review]

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"Magazzino 18" de Simone Cristicchi émeut et conquiert le public du Théâtre Bellini, racontant les pages d'une histoire oubliée qui, grâce à sa "civile-musicale", revient à la vie

Beaucoup d'applaudissements et une standing ovation bien méritée pour Simone Cristicchi, qui a conduit à la Bellini Théâtre de Naples son "civil-musical" Entrepôt 18 inspiré par l'une des pages les plus douloureuses et les plus oubliées de l'histoire de l'Italie.

Un spectacle qui voit Cristicchi comme chanteur, narrateur, professeur et évocateur de ce que les Italiens ont trop facilement oublié et fait oublier. Parce que malheureusement en Italie encore beaucoup (trop) savent que notre pays a perdu il y a 70 ans des territoires avec le traité de paix de 1947, après la défaite de la Seconde Guerre mondiale. Il s'agit de laIstrie et de la bande côtière à l'est, des villes comme Pula, Rijeka, Rovigo, Zadar et la Dalmatie. Toutes des localités très italiennes, qui ont été livrées à la Yougoslavie de Tito, qui commençait alors sa dictature communiste, au milieu d'attaques et d'actes de violence gratuite contre ceux qui avaient toujours vécu sur ces terres, dans ces maisons, et qui du jour au lendemain d'autres ont été identifiés aux fascistes, abattus, tués, chassés pour toujours.

Depuis Janvier 1 1947 et jusqu'au mois de Mars de cette année, des milliers et des milliers d'italien (il y a au moins 350mila), ils ont décidé de se rendre au totalitarisme de Tito, et choisir l'exode, le risque d'émigrer de ses terres natales, pour rejoindre la patrie au-delà de l'Adriatique, et espérer un avenir meilleur. Ils ont tout emporté avec eux, meubles, chaises, armoires, lits, matelas, objets de toutes sortes, même des cahiers, des livres, des enseignes, des vêtements, des accessoires, de la vaisselle, des photographies, des jouets. Tout ce que les exilés espéraient pouvoir utiliser dans de nouveaux espaces de vie et qui était expédié au Porto Vecchio de Trieste, où ils iraient les récupérer une fois stabilisés en Italie. Au lieu de cela, aujourd'hui encore, l'entrepôt 18 du Vieux-Port, contient des milliers d'objets, dispersés et oubliés la vie de contenu, de devenir un lieu de mémoire de ceux qui, à cause du malheureux accident de l'histoire, "des gens emportés par l'ouragan du destin", il s'est trouvé un étranger dans son propre pays.

ils nous appelaient "fascistes", nous n'étions que des Italiens,
Italiens oubliés dans un coin de mémoire,
comme une page arrachée au grand livre de l'histoire...

Ah... comment fais-tu ? Mourir de mélancolie pour une vie qui n'est plus la mienne,
qu'est-ce que ça fait de mal, si je cherche encore mon coeur de l'autre côté de la mer...

Simone Cristicchi raconte, explique, transmet, illustre, par des mots simples, des pièces musicales engageantes composées ad hoc pour le spectacle, par des photographies d'époque, des reportages, et interprète. Il est maintenant l'archiviste Persichetti, un fonctionnaire du ministère romain (emblème de l'Italien moyen indifférent et désintéressé), chargé de faire l'inventaire des objets de l'Entrepôt 18 et qui, comme c'est le cas pour les poupées matriochka, parvient à composer le récit de l'exode istrien de ses origines ; maintenant c'est l'une des voix de ceux qui n'ont pas réussi et ont été entraînés de force par les partisans slaves dans le gouffres, de ceux qui étaient sur le 18 de 1946 August Plage de Vergarolla, à Pula, lorsque soudainement des engins de guerre explosifs qui ont tué et blessé des centaines de personnes. "L'un des massacres les plus graves jamais commis en Italie, en temps de paix", comme le raconte Cristicchi lui-même.

Simone Cristicchi Bellini Théâtre

grâce à Entrepôt 18 di Simone Cristicchi, évoquées sur scène par très peu d'objets de mémoire, comme des chaises et des tables empilées, les pages oubliées de l'histoire reprennent vie et se succèdent sous nos yeux, de la violence exercée par les Italiens de Mussolini contre les Slaves au cours de la Seconde Guerre mondiale, au silence des gouffres d'Istrie où de nombreux Italiens enlevés et portés disparus ont trouvé la mort. Jusqu'au massacre de Pola, où des personnes dont les corps n'ont jamais été identifiés ou retrouvés ont perdu la vie, parmi lesquels des enfants, des femmes, des hommes, des personnes âgées, toute une population tourmentée par la soif de pouvoir et de vengeance des totalitarismes.

Il n'y a pas lieu de prendre parti à droite ou à gauche devant ces années d'histoire oubliées, mais seulement de se demander la raison de tant de haine et de violence, mais surtout de l'oubli voulu par la postérité et qui ne cède qu'à ces dernières années à la vérité.

Simone Cristicchi témoigne dans ce spectacle du grand sens de la responsabilité civile envers son public et parvient à bien se dégager entre les moments narratifs, les moments interprétatifs et les intermèdes chantés. La comédie musicale se termine sur un avertissement important et fondamental pour l'avenir, ce que Cristicchi appelle le onzième commandement, "Ne pas oublier".

Et enfin, nos pensées vont aux immigrés d'hier et d'aujourd'hui, aux polémiques et aux accusations insensées portées contre ceux qui ont eu le malheur d'être nés et de vivre dans des territoires soumis à des abus et à des guerres de pouvoir qu'ils n'ont en rien à voir avec le respect pour l'être humain. On ne peut pas juger ceux qui ont décidé de quitter leur patrie pour faire fortune ailleurs, ni ceux qui ont décidé de rester chez eux, même sous un régime étranger.

Le spectacle Entrepôt 18 il est toujours sur scène au Théâtre Bellini jusqu'à dimanche 26 Octobre 2014. Pour trouver les horaires et les prix des billets consultez le notre carte sur Napolike.

Photos | VIA

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écrit par Valentina D'Andrea
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